Après le Tanoak, montré à New York au printemps, Volkswagen a présenté un autre prototype de pickup au Salon de l'auto de Sao Paul, au Brésil. Il s'agit du Tarok.

Volks étudie depuis plusieurs années divers scénarios qui lui permettraient de conquérir une part du lucratif marché des camionnettes en Amérique du Nord. Avant de faire le tour des options actuellement considérées par Volks, jetons un coup d'oeil au Tarok.

Châssis en échelle ou plateforme d'auto ?

Comme le prototype Tanoak (dessiné par Volkswagen USA), le Tarok est construit sur la plateforme monocoque MQB de Volks.

C'est une plateforme universelle pour voitures et VUS, pas un châssis en échelle traditionnel de camionnette : donc «pas un vrai pickup» selon la perception assez répandue sur le marché nord-américain.

Notons que Volks a déjà donné le feu vert pour la production et la distribution du Tarok en Amérique du Sud d'ici 2020 «avec la possibilité de l'étendre à d'autres marchés internationaux».

Le Tarok et le Tanoak sont donc deux options nord-américaines pour Volks, qui pourrait les produire dans son usine de Chattanooga, dans l'État du Tennessee, puisque ces deux pickups sont montés sur des plateformes automobiles (comme celle du VUS Atlas). C'est un argument pesant : pas besoin d'investir des centaines de millions dans la construction et l'outillage d'une autre chaîne de montage dédiée uniquement aux pickups montés sur châssis en échelle.

S'il était aussi lancé en Amérique du Nord, le Tarok serait un cousin du Honda Ridgeline, un pickup «style de vie» sur plateforme monocoque qui ne fait pas très bonne figure sur notre marché. À tort ou à raison (souvent à tort), les Nord-Américains préfèrent les pickup sur châssis et on peut comprendre que Volks hésite à s'essayer à ce jeu. Le PDG de Volkswagen, Herbert Diess, a récemment décrit l'hypothèse d'un pickup monocoque comme «un peu risquée».

Alliance Ford-Volkswagen ?

L'autre option de Volkswagen en Amérique du Nord serait la version renouvelée d'un autre pick-up au nom typiquement Volks --l'Amarok-- qui est en production depuis 2010 et déjà offert presque partout mais pas en Amérique du Nord.

Le prototype Tanoak, à ne pas confondre avec le Tarok ni l'Amarok. Photo Volkswagen

C'est un pickup intermédiaire, monté sur un châssis en échelle, un peu plus petit que les gros Ford F-150, GM Silverado/Sierra et Ram 1500, comparable en taille aux GM Colorado/Canyon et  Toyota Tacoma.

Pour éviter le risque financier de bâtir sa propre usine de pick-ups sur châssis, Volks négocie avec Ford, qui vient de commencer à produire la nouvelle camionnette intermédiaire Ford Ranger à l'usine Ford de Wayne, au Michigan.

Volkswagen pourrait collaborer avec Ford à la conception du prochain Amarok et sous-traiter sa production nord-américaine à l'Ovale Bleu, vraisemblablement dans la même usine que le Ranger au Michigan. «Si l'arrangement avec Ford fonctionne, on aurait un successeur à l'Amarok pouvant être commercialisé partout au monde et --potentiellement-- aux États-Unis aussi.»

Ou les deux pourraient signer une entente de réciprocité où Volks assemblerait en contrepartie des Ford Ranger à l'étranger, par exemple dans ses usines de pickups en Allemagne et en Algérie, deux régions où Ford vend des Ranger qui doivent être importés d'ailleurs.

L'Amarok. Photo Volkswagen

Peut-être que Volks décidera aussi de rien faire sur le front des pickups ici. Une récession délivrerait très vite le constructeur allemand de ses tentations nord-américaines. 

Volkswagen n'a plus vendu de camionnette en Amérique du Nord depuis le Volkswagen Pickup Truck, un drôle de petit machin Made in USA basé sur la Rabbit et distribué entre 1979 et 1995.

Le Volkswagen Pickup était basé sur la Rabbit et assemblé dans une usine de Pennsylvanie qui a fermé en 1995. Photo Pinterest