Le constructeur automobile Volkswagen a revu fortement à la hausse mardi son objectif de ventes de voitures électriques, un tournant majeur qui nécessite déjà de lourds investissements au détriment de sa rentabilité à court terme.

Confronté aux limites strictes d'émissions de CO2 à partir de 2020, le premier constructeur mondial a annoncé qu'il comptait introduire sur le marché 70 modèles électriques d'ici 2028, vingt de plus que prévu initialement.

« La mobilité électrique est le seul moyen pour remplir les objectifs environnementaux », a déclaré le patron du groupe, Herbert Diess, lors de la conférence annuelle. « L'objectif est de rendre le groupe neutre en émissions de CO2 d'ici 2050. »

Volks prévoit vendre 22 millions de voitures électriques en 10 ans

Volkswagen table désormais sur la vente de 22 millions de voitures électriques en 10 ans, 7 millions de plus que projeté jusque-là.

« Volkswagen changera radicalement », a promis M. Diess, qui veut armer le constructeur face aux concurrents américains Tesla, Google et autres constructeurs chinois.

Mais en 2018, les marges de profit ont été plombées par les investissements massifs et le passage aux nouvelles normes antipollution WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures, ou Procédure d'essai mondiale harmonisée pour les véhicules personnels), qui ont semé la pagaille dans les chaînes de production - un « cauchemar logistique », selon le directeur financier Frank Witter.

« On aurait certainement pu faire mieux », a ajouté M. Diess à ce sujet.

Suppressions de postes

Pour assumer les coûts de 44 milliards d'euros d'investissements d'ici 2023 dans l'électrique et la voiture autonome, « nous devons faire des progrès dans l'efficacité et la performance dans tous les domaines », a indiqué M. Diess, cité dans un communiqué.

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«L'objectif est de rendre le groupe neutre en émissions de CO2 d'ici 2050», a dit ce matin le grand patron de Volks, Herbert Diess.

L'électrification conduira inévitablement à des suppressions d'emplois, a indiqué Herbert Diess, tout en ajoutant qu'« il n'y aura pas de licenciements. »

En décembre, Volkswagen a annoncé 3 milliards d'euros d'économies pour sa marque VW, en plus d'un programme déjà en cours, qui prévoit 21 000 suppressions de postes dans le monde.

Herbert Diess est soutenu par l'actionnaire principal, la famille Porsche-Piëch. Mais le puissant président du comité d'entreprise, Bernd Osterloh, est monté au créneau la semaine dernière contre le projet de la direction qui menace, selon lui, de supprimer 5000 à 7000 emplois supplémentaires.

Volkswagen entretient d'ailleurs des « discussions avancées » avec Ford sur une coopération dans la voiture électrique et autonome, a-t-il précisé.

Les deux constructeurs ont déjà annoncé en janvier la construction commune de fourgons et pickups.

Le bénéfice opérationnel du Groupe Volkswagen est resté quasi stable, à 13,9 milliards d'euros, tandis que le bénéfice net du groupe a augmenté de 6 %, à 12,15 milliards, sur fond de progression du chiffre d'affaires et d'effets financiers.

PHOTO PORSCHE

La Porsche Taycan (ci-haut) et l'Audi e-Tron sont les deux premiers véhicules électriques d'une série de 70.