Son nom fait rarement surface lorsqu'il s'agit d'évoquer les meilleurs pilotes automobiles féminins de l'histoire. Dommage, elle fut pourtant l'une des meilleures. Elle s'appelait Mariette Hélène Delangle, mais courait sous le nom de Hellé Nice.

Née en 1900, à moins d'une centaine de kilomètres de Paris, Hellé Nice a été tour à tour mannequin et danseuse nue. Même si la vitesse la passionnait, rien ne la prédestinait à une carrière en sport automobile. D'ailleurs, elle y est arrivée sur le tard, à 29 ans, dans des circonstances fortuites.

Invitée au Grand Prix féminin de Montlhéry, sa première course, elle a franchi la première la ligne d'arrivée et établi au passage un record de vitesse.

Hellé Nice a ensuite voulu se mesurer aux hommes. Et Bugatti lui a offert cette occasion en l'alignant dès 1931 dans son équipe officielle. À sa première participation, elle a terminé au troisième rang.

La carrière de Nice a alors pris son envol. Elle a pris part à 76 autres compétitions, et pas seulement à des Grands Prix. Elle s'est inscrite également à des courses de côte, d'endurance et même des rallyes. Au fil des épreuves, elle s'est frottée aux plus grands pilotes, dont le Gilles Villeneuve de l'époque, Tazio Nuvolari, et Bernd Rosemeyer.

Vainqueure ou vaincue, Hellé Nice descendait en souriant de ses voitures de course. Elle remettait de l'ordre dans ses cheveux bouclés, colorait ses lèvres de rouge et posait pour les photographes. En plus des primes amassées auprès des organisateurs des courses auxquelles elle prenait part, Nice était aussi l'égérie de la pétrolière Esso et du cigarettier Lucky Strike. Nice gagnait beaucoup d'argent. D'ailleurs, elle possédait à l'époque un yacht, une résidence à Nice et une Hispano-Suiza...

Pour Hellé Nice, la vie était une fête et la course en faisait partie. Elle était belle, jeune et riche. Elle divisait ses nuits pour se retrouver au lit avec chacun de ses - nombreux - amants dont le plus célèbre a été le Baron Philipe de Rothschild, à qui elle doit son intégration à l'écurie officielle de Bugatti.

En apparence, Hellé Nice n'avait pas d'ennemis. Que des admirateurs. Sauf sans doute Louis Chiron. Un grand coureur, mais un petit monsieur, selon Miranda Seymour, auteure du seul livre consacré à Hellé Nice (The Bugatti Queen, éditions Random House New York). Nice refusait sans dissimulation les avances sexuelles de Chiron. Pour se venger (?), Chiron l'a accusée d'être un agent de la Gestapo. Sa culpabilité n'a jamais été établie, mais le mal était fait. Jamais elle ne reprit part à une course. Ses succès ont été rayés de la mémoire du sport automobile, ses commanditaires se sont désistés et ses amis l'ont abandonnée. Même sa famille immédiate s'est faite discrète.

L'histoire s'est terminée plus mal encore. Son amoureux de l'époque l'a quittée, emportant avec lui sa fortune. Hellé Nice est morte en 1984, sans le sou et sous un - autre - pseudonyme. Ses cendres se trouvent au cimetière de Sainte-Mesme où ses parents sont enterrés. Son nom ne figure toujours pas sur la stèle familiale.

Photo fournie par la Bibliothèque nationale de France

Née en 1900, Hellé Nice, de son vrai nom Mariette Hélène Delangle, a été mannequin et danseuse nue avant de faire fortune grâce à la course automobile. Elle est morte sans le sou à 84 ans.