Suzuki avait déjà signifié, à l'automne, son retrait du marché automobile américain. Au tour maintenant de la direction canadienne d'en faire de même. En toute franchise, la décision n'étonne personne. Ce triste naufrage était annoncé de longue date. Au Canada, Suzuki avançait en roue libre depuis bien trop longtemps.

L'année dernière, Suzuki a écoulé près de 5500 de ses produits automobiles sur le marché canadien. Cela correspond approximativement au nombre de Toyota RAV4 vendu au Québec en 2012. Là n'est pas la raison principale de la cessation de ses activités.

La filiale canadienne de Suzuki aurait très bien pu continuer la distribution de ses produits automobiles au pays à la condition de ne jamais renouveler sa gamme. Impensable. C'est donc dire que tant et aussi longtemps que Suzuki produira ses actuels Grand Vitara, SX4 et Kizashi, le problème ne se posera pas. Mais le jour où la marque japonaise les revisitera, Suzuki n'aura pas le choix, il devra les faire homologuer pour satisfaire aux normes canadiennes en matière de sécurité et d'émissions polluantes. Ce processus est long et extrêmement coûteux.

Jusqu'ici, les distributeurs américain et canadien de la marque se partageaient la facture. Depuis l'automne dernier, Suzuki Canada sait qu'elle devra l'acquitter seul. Avec quelques milliers de ventes par année, l'opération n'est plus rentable. Suzuki aurait été dans l'obligation d'augmenter substantiellement le prix de ses véhicules, ce qui est impensable dans le contexte actuel. Voilà pourquoi la filiale canadienne va recentrer son activité commerciale sur la distribution de motocyclettes et autres produits récréatifs de la marque.

Naturellement, si notre marché en avait été un stratégique, le siège social de la marque aurait sans doute soutenu financièrement ses activités canadiennes. Ce n'est pas le cas. Suzuki préfère plutôt concentrer ses ressources sur les marchés dits émergents, dont l'Inde et le Brésil, où le constructeur japonais réalise de - très - bonnes affaires.

Et après?

Suzuki va partir et cela va compliquer un peu les choses. Qui voudra se procurer une Suzuki maintenant?

Depuis l'annonce du constructeur automobile, bon nombre de propriétaires de véhicules de la marque étaient inquiets, notamment quant à la fourniture de pièces détachées. Mais ils peuvent souffler. Suzuki a toujours pignon sur rue au Canada. L'entreprise assure qu'elle veillera non seulement à stocker des pièces (à quel prix, on se le demande), mais aussi à honorer les garanties par l'entremise d'un réseau de service après-vente. D'ici là, l'acheteur d'une Suzuki neuve devra se résoudre à l'idée de la faire rouler jusqu'à la fin de sa vie utile. Sa valeur résiduelle sera pratiquement nulle. Plus chanceux, le locataire, de son côté, n'aura qu'à remettre les clés à la fin du bail.