En toute franchise, la décision de Subaru de mettre un terme à la carrière du Tribeca en janvier prochain n'a étonné aucun observateur de l'industrie automobile. Ceux-ci attendaient ce jour depuis deux ans déjà.

Ce modèle initialement présenté en 2005 sous le patronyme B9 Tribeca n'a jamais connu un grand succès malgré les timides refontes dont il a fait l'objet. On lui reprochait entre autres choses ses formes étranges, son manque de dégagement aux places arrière, son prix élevé et ses conditions de financement peu généreuses.

L'usine de Lafayette, dans l'Indiana, cessera donc sa production de Tribeca en janvier prochain. Et alors? Certains membres de la direction de Subaru ne sont pas contents. De la voir disparaître? Non: que la nouvelle ait été ébruitée. Subaru a toujours des Tribeca à vendre, vous savez. La marque japonaise aurait préféré que le Tribeca quitte le paysage automobile sur la pointe des pneus, sans même dire au revoir. Ses concessionnaires n'auraient alors pas eu à s'expliquer auprès de leurs clients qui, naturellement, s'inquiètent du prix à la revente et de la disponibilité des pièces de remplacement à plus ou moins long terme. La valeur marchande risque d'être touchée, mais l'approvisionnement en pièces détachées ne posera pas de problème.

Pratique courante

Subaru n'est pas différent des autres constructeurs dans ce domaine. Aucun ne publie de communiqué pour annoncer le retrait de l'un de ses modèles. Tenez par exemple la HS250h de Lexus. La presse spécialisée a fait état de son extinction du marché à l'automne 2011. Mais ce n'est qu'en mai 2012 que la direction de la marque de luxe japonaise a consenti à révéler que l'importation de ce modèle avait cessé cinq mois auparavant. Voilà qui lui donnait suffisamment de temps pour écouler les exemplaires qui se trouvaient sur les terrains des concessionnaires.

Volkswagen n'a pas fait beaucoup plus de bruit sur le retrait de sa fourgonnette Routan, ni Chevrolet au moment de la mise hors service de sa familiale Optra. Et que dire de Mazda qui, au cours d'une certaine période, a laissé courir l'information selon laquelle la vente du CX-7 serait maintenue malgré l'arrivée du CX-5.

Mais revenons au cas du Subaru Tribeca. Celui-ci est produit dans une seule usine. Si celle-ci cesse de l'assembler, aucun doute possible, le véhicule disparaît du paysage. En revanche, il faut se garder parfois de sauter trop hâtivement aux conclusions et, surtout, ne pas tenir pour acquis que la décision d'un marché d'interrompre la commercialisation d'un modèle a forcément des répercussions sur les autres.

Ainsi, le choix de la filiale américaine de Toyota de ne plus commercialiser la Matrix en 2014 ne signifie aucunement l'abandon au Canada de ce modèle, lequel demeure toujours au catalogue du constructeur. L'inverse est également vrai. La direction de Hyundai au Canada a cessé il y a quelques années de vendre l'Azera au Canada, mais pas aux États-Unis, où elle fait toujours carrière.