Pourquoi voyager sur l'autobahn ne permet plus toujours de rouler dans une autre dimension.

Les pneus accrochent, «ma» Porsche 911 Turbo vole de virage en virage, et l'aiguille de l'indicateur de vitesse poursuit son ascension: 220... 240...260... 280 km/h. Voilà maintenant que le train avant se met légèrement à flotter. Oh, pas beaucoup, mais juste assez pour inciter à relâcher un peu la pédale d'accélérateur. Plus sage, d'autant plus que ma voiture occupe tous les rétroviseurs de celle qui me précède et qu'elle ne bouge pas.

En fait, le problème de l'autobahn, de nos jours, c'est la congestion et une génération de conducteurs (ou sont-ce des touristes?) qui ne respectent plus la règle élémentaire de cette autoroute: la voie de gauche ne sert qu'à dépasser. Aujourd'hui, sur certains tronçons des autobahns, on a parfois l'impression de rouler en Ontario avec tous ces véhicules qui mettent des kilomètres à doubler. Et que dire de ceux et celles qui se glissent dans la file de gauche sans même jeter un oeil dans le rétro. Je sais, j'ai déjà vécu l'expérience il y a quelques mois avec une motocycliste américaine qui, sans même actionner le clignotant de sa grosse Harley, a plongé devant mon pare-chocs sans prévenir... Appels de phare, klaxon, rien n'y a fait: la jeune femme n'a rien vu ni même entendu le freinage appuyé de ma voiture...

Mais l'Allemagne est loin et demeure pour plusieurs un rêve. Dans ce cas, sans quitter la province, pourquoi ne pas assouvir votre goût de la vitesse en adoptant une auto ancienne? Le pilotage de cette dernière implique de repositionner les repères habituels en doublant, en triplant et en quadruplant les marges de sécurité. Qui plus est, les anciennes redonnent du piquant aux limites autorisées, à une conduite devenue insipide avec les modernes, pourvues de raffinements qui pourraient passer pour un luxe superflu de précautions aujourd'hui.

Aux portes de l'autobahn

Plusieurs autobahns - pas toutes - n'ont aucune limitation de vitesse et donnent parfois l'impression de se «prolonger dans d'autres pays». Je sais, j'en ai fait l'amère expérience le jour où je me suis fait intercepter au volant d'une puissante Audi R8 GT à plus de 270 km/h en direction de Munich. La police autrichienne, postée à quelques mètres de la frontière, dirigeait ses radars à la sortie du tunnel. Et moi, pauvre imbécile, j'étais persuadé que mes roues se trouvaient déjà posées en Allemagne. Erreur, comme me le soulignera le policier qui s'est lancé à mes trousses.

«Vos papiers, SVP», me dit-il sur un ton autoritaire. J'obtempère sans m'obstiner.

Il revient quelques minutes plus tard et me demande de sortir de l'auto et de lui remettre également mon passeport. Ne me demandez pas pourquoi, mais j'éclate de rire et - malheureusement - je suis incapable de m'arrêter. Aussitôt le représentant de l'ordre suspecte quelque chose.

«Marcher droit sur cette ligne», m'ordonne-t-il. Vous ne croyez tout de même pas que j'ai bu?

Sans doute, insatisfait de ma démarche, il me met un éthylomètre sous le nez. Mais je ris tellement que je n'arrive pas à souffler dans la paille. Après trois tentatives infructueuses, le policier, lui, s'impatiente.

Bon, vous ne me laissez guère le choix, je dois vous emmener au commissariat et confisquer votre passeport pour m'assurer de votre présence au tribunal demain à 11 h. Là, je ne ris plus. «Ce n'est pas sérieux, j'ai un vol demain.»

«Bien, vous avez retrouvé votre sérieux», me dit-il, satisfait. Et comment.

Plutôt que de me tendre l'éthylomètre pour une quatrième fois, il me remet une contravention. Je la parcours en diagonale à la recherche du montant. Voilà, j'ai trouvé: 890 euros, environ 1250 canadiens. Je ne ris plus. «Et c'est payable maintenant, sans quoi vous devrez prolonger votre séjour chez nous», me dit-il sur un ton autoritaire.

Au fait, vous prenez les cartes de crédit?