La crise qui secoue actuellement le Groupe Volkswagen fait peine à voir. Souhaitons cependant que les révélations des prochaines semaines et des prochains mois permettent de voir plus clair dans toute cette histoire.

Que Volkswagen ait triché ne fait plus aucun doute. Le moteur 2 litres turbodiesel mis au point par Volkswagen rejette des émissions d'oxyde d'azote largement supérieures à la norme imposée par les autorités américaines. Pour contourner les règles de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), VW a eu recours à un logiciel hautement sophistiqué, qui se retrouve incidemment dans quelque 11 millions de véhicules du groupe.

Conséquemment, le logiciel ne visait pas uniquement à satisfaire les normes américaines, mais la planète tout entière. Voyons voir si le reste du monde a également été floué de la même manière. La norme américaine ULEV2 exige des émissions maximales de 43,75 mg d'oxyde d'azote (NOx) au kilomètre. En Europe, cette limite est fixée à 80 mg.

Devant cette crise sans précédent (la valeur en Bourse avait déjà fondu de 35% au moment d'écrire ces lignes), Martin Winterkorn, président et chef de la direction, démissionne. Si ce dernier accepte le blâme, est-il pour autant responsable? Pourquoi l'EPA a-t-elle mis autant de temps pour réagir? L'EPA ne menaçait-elle pas déjà VW, au cours des derniers mois, de ne pas lui accorder le droit de vendre ses modèles TDi en 2016 sous prétexte qu'il existait un réel écart entre les émissions déclarées et effectives?

Autre élément: qui, chez Volkswagen, doit-on blâmer pour cette violation de la loi? Les ingénieurs? Sans doute pour avoir créé un tel logiciel, mais d'après les instructions de qui? Le conseil d'administration de VW a parfois des exigences déraisonnables. La dernière en date remonte à la semaine dernière, lors de la présentation de la Mission-E de Porsche, un concept d'un véhicule électrique en devenir.

Au cours de la présentation aux médias, Martin Winterkorn a indiqué que ce véhicule aurait une autonomie équivalente ou supérieure à 500 kilomètres en conduite sportive. Une affirmation qui a pris par surprise quelques ingénieurs de la marque de Stuttgart présents sur place, qui estimaient que le cahier des charges de ce projet demandait de s'assurer que le véhicule pouvait parcourir plus de 500 km sur une pleine charge en adoptant une conduite «paisible». Il va falloir nous remettre au travail, a indiqué l'un des ingénieurs à ses collègues, car le «pari est loin d'être atteint». Cette anecdote illustre à elle seule la pression imposée par la direction.

Volkswagen voulait devenir numéro un mondial de l'automobile d'ici 2018 et devait se positionner fortement sur le marché américain. L'une des stratégies visait justement à développer le marché du diesel (seulement 1% des ventes aux États-Unis) pour prendre l'ascendant sur la concurrence. Visiblement, c'est raté.