Dans le but de lorgner une clientèle plus jeune et plus affranchie, Cadillac a beaucoup délaissé ces dernières années tous ses acheteurs traditionnels, qui considéraient cette marque comme le nec plus ultra de l'automobile. À tel point que le nom était même entré dans le vocabulaire pour désigner un produit haut de gamme d'une grande qualité. Mais, le vent a tourné et les têtes blanches de chez Cadillac se sont rendu compte que leur clientèle habituelle avait déjà un pied dans la tombe et que la nouvelle génération d'hommes mûrs avait des goûts différents. Pour célébrer leur triomphe personnel dans la vie, ils s'offrent désormais une Mercedes, une BMW ou une Lexus.

C'est un peu pour les ramener au bercail qu'une voiture comme la XTS voit le jour cette année en remplacement de la DTS, le dernier maillon de la chaîne des Cadillac à l'ancienne avec leur comportement de chaises berçantes.

La XTS épouse d'abord une silhouette qui rejoint celle de la CTS, plus jeune de caractère. Dans l'attente d'une Cadillac encore plus cossue, elle se veut le modèle haut de gamme de la marque avec le luxe, le confort et l'habitabilité qui sont le propre d'une voiture présidentielle.

Adieu V8

Sous le capot, on a dit adieu au traditionnel V8 pour saluer un moteur moins extravagant, un V6 à injection directe de 3,6 litres affichant tout de même un solide 304 chevaux. Cette puissance est cependant canalisée vers les roues avant, une caractéristique qui n'a pas toujours donné d'heureux résultats dans des voitures de ce format. Il existe, Dieu merci, une version toutes roues motrices de la XTS et c'est celle-là qui a fait l'objet de cet essai. Ce sera très certainement la version la plus populaire au Québec.

La voiture doit se contenter d'un seul moteur et d'une seule transmission, une automatique nommée «TapShift» dont les six rapports peuvent être enclenchés à partir de palettes derrière le volant dont l'utilisation risque d'être peu fréquente. Et pour être dans le coup, on a cru bon d'équiper ce modèle - noblesse oblige - de freins avant Brembo reconnaissables à leurs étriers couleur argent. Hélas, ces derniers sont fortement taxés par le poids substantiel qu'ils doivent ralentir, de même que par la suspension tout en douceur qui engendre un tangage important lors de freinages d'urgence. Il m'a semblé que les distances d'arrêt étaient indûment longues dans les circonstances.

Loin de la Fleetwood

Cette Cadillac grand format est garante d'un confort de haut niveau et de places arrière qui feront le bonheur de n'importe quel PDG. Le coffre n'est rien de moins que gigantesque avec son volume de 509 litres. En tenant compte de ce qui précède, on serait enclin à penser que la tenue de route aurait tous les droits de nous replonger à l'époque des Fleetwood ou autres De Ville, mais ce n'est pas du tout le cas. Exploitant ses pneus de 19 pouces ainsi que les ressources réactives de ses suspensions magnétiques, qui sont apparues pour la première fois dans les Corvette, la XTS accepte d'être bousculée dans les virages tout en gardant une adhérence qui surprend. Et sur une route en lacets, la direction précise et rapide (2,6 tours de volant d'une butée à l'autre) constitue un atout important.

Le moteur joue aussi un rôle actif dans l'optimisation du plaisir de conduire. Il n'a pas la poigne d'un V8, mais son rendement est parfaitement à la hauteur (0-100 km/h en 8,1 secondes) dans une voiture douce et feutrée comme celle-ci. Par contre, malgré l'injection électronique, le V6 a besoin d'environ 12 litres d'essence pour franchir une centaine de kilomètres.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Malgré une pléthore d'accessoires de luxe, le tableau de bord de la Cadillac XTS respecte les normes de l'ergonomie.

Réinventer la roue

Cadillac a pris soin de hausser la qualité de finition de ses modèles, ce qui est l'évidence même dans la XTS, dont le tableau de bord cuir et bois ne manque pas de classe. Les joints sont parfaitement alignés et les matériaux ne sont pas factices dans une auto qui s'achète pour 55 895$. Un modèle de base est cependant offert pour 48 995$ alors qu'une «collection platine» commande un déboursé de 62 635$. Cette dernière version comporte tout ce qu'il est possible d'imaginer en matière d'équipement, du cuir «mur à mur» jusqu'au seuil de porte illuminé en platine.

Les sièges sont accueillants et la visibilité médiocre profite d'une caméra de recul dont le champ d'action est appréciable. Les accessoires de luxe frôlent l'excès quand on constate la présence d'un bouton servant à ouvrir électriquement la boîte à gants. Franchement, Jean-Maurice! La présence d'un orifice de remplissage d'essence sans bouchon est par ailleurs une meilleure idée, même si elle provient de chez Ford.

Dans un autre effort pour réinventer la roue, Cadillac a mis au point un centre d'information et de connectivité appelé EUC (CUE en anglais), qui est tellement peu intuitif que l'on avait prévu une séance d'information à l'aide d'un iPad lors du lancement de la voiture. Et quand c'est le «monsieur» de la compagnie qui en fait la démonstration, tout paraît facile. Lorsque c'est à mon tour, toutefois, ça se complique énormément. Est-ce à dire que le système est trop complexe pour les nuls de ce monde? Je dirais que oui.

Il ressort de cette prise en main de la Cadillac XTS qu'il s'agit d'une voiture qui a été conçue pour ne pas trop dépayser la clientèle habituelle de cette marque. La rencontre de l'ancienne philosophie et de la modernité a donné les résultats visés avec ce que l'on pourrait appeler la Cadillac du juste milieu.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Le coffre arrière possède un volume exceptionnel de 509 litres.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Exploitant ses pneus de 19 pouces ainsi que les ressources réactives de ses suspensions magnétiques, la XTS accepte d'être bousculée dans les virages tout en gardant une adhérence qui surprend.