Le salon automobile de Tokyo qui s'ouvre mercredi sera dominé par les technologies "propres", une manière pour le secteur de tourner la page d'une année gâchée au Japon par le séisme du 11 mars et d'intéresser des étrangers moins motivés par le marché nippon.

Cet événement biennal a repris quelques couleurs depuis la crise financière internationale de 2009, une année noire au cours de laquelle le Salon de l'auto de Tokyo avait dû largement réduire la voilure.

Pour cette édition 2011, le salon accueillera 176 exposants de 12 pays, contre 129 exposants de 10 pays il y a deux ans, sur une surface presque doublée.

Plusieurs grands constructeurs étrangers absents en 2009 sont de retour, comme les allemands Volkswagen, BMW, Mercedes et Porsche, les français Renault et Peugeot-Citroën et les britanniques Jaguar et Land Rover.

"Le marché japonais reste important pour les constructeurs européens qui s'intéressent aux technologies environnementales, comme les voitures électriques et hybrides", explique Tatsuya Mizuno, expert du secteur.

Leurs homologues nippons, au grand complet, feront étalage de leur savoir-faire dans ce domaine.

Toyota va présenter entre autres un concept avancé de voiture à pile à combustible ainsi que l'Aqua, un véhicule compact à motorisation hybride (essence et électricité) tandis que son compatriote Nissan montrera plusieurs concepts d'automobile électrique.

Mais dans un contexte économique mondial marqué d'incertitudes, les groupes américains seront absents du salon comme il y a deux ans, à l'instar de leurs homologues sud-coréens (à l'exception de véhicules utilitaires Hyundai).

Le salon de l'auto de Tokyo sera moins vaste et plus avare en nouveautés que lors des éditions antérieures à 2009, sans parler de la "belle époque" du début des années 90.

"Le marché japonais est moins attractif qu'auparavant, non seulement pour les constructeurs étrangers mais aussi pour les japonais qui déplacent peu à peu leurs sites de production à l'étranger", relève M. Mizuno.

En 2010, 4,96 millions de véhicules ont été vendus dans l'archipel (camions et autobus compris), contre une dizaine de millions d'unités écoulées par an dans les années 90.

Le Japon a constitué l'an passé le troisième marché automobile du monde, après la Chine, où le salon de Shanghai a pris une ampleur gigantesque, et les États-Unis.

"Avant, les Japonais pouvaient s'acheter une nouvelle voiture tous les trois ou quatre ans. Avec la hausse de la précarité, les jeunes générations ne peuvent se le permettre", souligne M. Mizuno.

Sur l'ensemble de 2011, le marché nippon risque d'être talonné par son homologue brésilien en croissance, les ventes de voitures au Japon ayant particulièrement souffert des conséquences du tremblement de terre et du tsunami du 11 mars dans le nord-est.

Les clients ont en effet fortement réduit leurs achats, angoissés par l'ampleur de ces désastres qui ont tué 20.000 personnes et provoqué l'accident nucléaire de Fukushima.

Nombre d'usines de fournisseurs du secteur ont en outre été endommagées, rompant la chaîne d'approvisionnement des constructeurs japonais qui ont dû ralentir leurs chaînes d'assemblage pendant des semaines.

Ce phénomène s'est reproduit à l'automne, mais dans des proportions bien moindres, à cause des inondations en Thaïlande.

Ces perturbations inédites passées, le Tokyo Motor Show pourrait être le théâtre d'intenses négociations entre donneurs d'ordre et sous-traitants.

"Avant le séisme, tout le monde réduisait ses stocks au nom du système +juste à temps+. Mais ce n'est pas toujours la meilleure solution: Nissan a moins souffert que les autres groupes japonais après le 11 mars car il disposait d'un inventaire plus fourni", rappelle M. Mizuno.

Les constructeurs devraient dès lors profiter du salon pour diversifier la palette de leurs fournisseurs, afin de réduire le risque d'une forte dépendance à un nombre restreint de sous-traitants.

Démarrant pour la presse mercredi, le Tokyo Motor Show sera ouvert au public du samedi 3 au dimanche 11 décembre.