Les nouveaux modèles de voiture destinés à être vendus dans le monde entier intègrent désormais des éléments esthétiques et de confort répondant aux besoins du marché chinois, ont indiqué cette semaine au Salon de l'automobile de Pékin des professionnels du secteur.

Le poids de la Chine, premier marché automobile mondial depuis trois ans sur lequel 18,5 millions de véhicules ont été vendus en 2011, est de plus en plus déterminant pour les constructeurs internationaux, dont beaucoup font déjà travailler des équipes de designers sur place.

Bientôt «nous partirons d'un design aux caractéristiques chinoises pour l'adapter à d'autres marchés», a expliqué Frédéric Banzet, directeur général de la marque Citroën, présent cette semaine au Salon de Pékin.

«Nous voulons davantage d'éléments chinois dans le design de nos voitures à travers le monde», a indiqué pour sa part à l'AFP Shen Li, directrice générale des relations publiques de Nissan en Chine.

«À l'avenir, tous les modèles devront avoir un bon potentiel en Chine», selon elle.

Le constructeur japonais emploie dans la capitale chinoise une équipe d'une vingtaine de personnes qui «trouvent leur inspiration dans le découpage traditionnel de papier («jianzhi») ou dans les peintures de la dynastie Tang (618-907) représentant des femmes opulentes», détaille Mme Shen.

Jusqu'à récemment, les constructeurs internationaux se contentaient d'adapter pour le marché chinois leurs modèles conçus en Europe ou en Amérique du Nord.

Les Chinois aiment les voitures «tricorps» avec un coffre séparé de l'habitacle. Elles doivent aussi disposer de plus d'espace pour les jambes à l'arrière afin de transporter les parents des acheteurs, qui ne savent généralement pas conduire mais participent souvent à l'acquisition de la voiture familiale.

C'est pourquoi l'arrière est en général plus luxueux qu'en Europe. La climatisation peut sur certains modèles, comme la Peugeot 508, y être réglée depuis les accoudoirs des sièges arrières.

Les couleurs sont plus sombres à l'intérieur et l'ensemble doit dégager un air de grandeur et de luxe que la langue chinoise résume par le terme «daqi» (littéralement «le grand souffle»).

Pour mieux comprendre et répondre aux attentes des clients chinois, le groupe français PSA Peugeot Citroën emploie spécialement en Chine 650 personnes, et prévoit de porter ce nombre à un millier. Il a ouvert un studio de design à Shanghai en 2008.

Volkswagen, qui est l'un des deux leaders du marché avec General Motors, a également beaucoup investi dans deux studios de design, à Shanghai et à Changchun (nord-est).

Ces centres ont dessiné des modèles conçus pour la Chine, comme la Lavida de VW ou la version Sedan de la Peugeot 308, avec quatre portes et un coffre séparé.

Lancée l'an dernier en Amérique du Nord, la nouvelle VW Passat possède déjà des caractéristiques chinoises.

«Les finitions de chrome, les boiseries à l'intérieur... tout cela est exporté aux États-Unis», explique Walter de Silva, chef du design du groupe allemand qui possède un total de 11 marques, dont VW, Audi, Seat, Skoda et Lamborghini.

Parmi les éléments destinés au marché chinois qui se frayent un chemin vers l'Europe et les États-Unis, on trouve des faces avant plus agressives, des intérieurs plus luxueux ou un empattement (distance entre les roues avant et arrière) plus long pour donner de la place aux passagers à l'arrière.

«Nous sommes maintenant à une époque où les intérieurs asiatiques comptent pour le marché américain», explique Mike Manley, directeur des opérations de la co-entreprise Fiat - Guangzhou Automobile Group.

«Il y a une incroyable quantité de choses qui démarrent ici et peuvent inspirer le reste du monde», estime de son côté Simon Laosby, directeur du design chez Volkswagen en Chine, dont le rôle est désormais d'intégrer pleinement son équipe avec les studios de design du groupe allemand en Europe et en Amérique du Nord.

La Lavida, dont une version de deuxième génération a été dévoilée au salon de Pékin, a un «énorme potentiel pour être vendue sur d'autres marchés», selon M. Laosby.