Après les années de crise et l'accent sur les petites voitures, un véritable défilé de grosses cylindrées au salon de l'automobile de Detroit témoigne de l'optimisme retrouvé du secteur aux États-Unis.

En 2010 et 2011, alors que le secteur automobile américain se remettait d'une profonde crise qui a vu General Motors et Chrysler faire faillite et se restructurer grâce à des dizaines de milliards de dollars d'aides gouvernementales, les grosses voitures de sport ont fait profil bas, au moins chez GM, Chrysler, Ford, Toyota et les autres constructeurs grand public.

«Nous avons eu plusieurs années avec quasiment aucun prototype et les produits étaient plutôt focalisés sur l'aspect pratique, signe que le secteur était dans une phase morose», constate Dave Sargent, analyste à la société d'étude du secteur JD Power.

Cette année, alors que les ventes ont progressé de près de 8% à 15,6 millions de véhicules aux États-Unis et que les experts prévoient au moins 16 millions d'unités écoulées cette année, proche des records à 17 millions enregistrés avant la crise, l'optimisme est palpable, et les voitures de sport de retour.

«Tous les grands constructeurs génèrent de la croissance et des bénéfices et ils sont d'humeur festive. Le résultat est un défilé de modèles deux portes aux lignes courbes et sportives qui présentent plus de puissance et de performance que de fonctionnalité», relève Karl Brauer, analyste au cabinet spécialisé KBB.

«C'est un signe de confiance de l'industrie auto dans ses modèles et ses perspectives», ajoute-t-il.

General Motors et sa marque principale, Chevrolet, avaient déjà lancé une nouvelle Corvette Stingray l'an dernier, la première en sept ans. Cette année, ils en exposent deux avec des moteurs décrits comme plus musclés: la Corvette ZO6, équipée d'un moteur 625 chevaux, et la C7.R, destinée à la course automobile.

Ford expose sa nouvelle Mustang. Le coréen Kia a dévoilé le prototype Stinger GT4, une berline aux lignes aérodynamiques fluides et musclées à la fois, bourrée de matériaux de haute technologie légers pour plus de performance.

Nissan a de son côté présenté un prototype de berline sport aux lignes découpées, nerveuses et futuristes, qui devrait donner un avant-goût de la prochaine Maxima, attendue pour 2015, tout comme Toyota qui veut faire rêver avec sa FT-1, rouge brillant, aux lignes courbes et rugissantes et décrite comme le «symbole de l'avenir du design chez Toyota».

«On voit un grand nombre de voitures de sport mais cela tient peut-être au cycle de développement des produits, les constructeurs ont des plans pluriannuels pour rafraichir leurs lignes de produits», remarque Tom Libby, analyste de la maison de recherche IHS.

Les dirigeants de General Motors soulignent que c'est purement une décision de cycle de produit qui les mène cette année à exposer des Corvette. «Le produit le plus vieux de notre gamme est maintenant la (berline compacte) Cruze, elle fera partie des modèles à remettre à jour» a remarqué Mark Reuss, directeur des produits de GM, interrogé par l'AFP.

Générer du rêve

«Il y a une part de cycle de produits, c'est vrai pour GM», poursuit Jessica Cadwell, analyste du site spécialisé Edmunds.com, mais «le marché est en croissance et il y a donc plus d'acheteurs potentiels qu'il y a quelques années» pour des voitures plus chères.

Pour elle, les prototypes sport de Toyota et Kia notamment témoignent «de la reprise. Ils sont là pour générer de l'excitation».

«Les prototypes sont là pour tester le marché et la réaction n'aurait probablement pas été bonne si ces modèles avaient été montrés au plus profond d'une récession», poursuit-elle.

Elle note toutefois que la «génération Y, celle des moins de 35 ans, n'est toujours pas prospère financièrement, c'est donc encore aux baby-boomers que s'adressent ces voitures».

M. Libby remarque aussi que les constructeurs veulent prouver qu'ils sont capables, avec les technologies actuelles, de produire des voitures de sport qui offrent une consommation d'essence raisonnable et obéissent à des normes de consommations et d'émissions de CO2 durcies.

Ils profitent aussi de prix du carburant en nette baisse comparé aux records d'il y a cinq ans.