Aux tout débuts du salon automobile de Montréal, on louangeait déjà la voiture électrique. On qualifiait nos véhicules de « char de promenade ». Le salon était vu comme un « événement sportif ». Et on se bousculait aux portillons. C'était aux tout débuts du salon. Il y a exactement 110 ans...

Remonter aux racines du salon automobile de Montréal, c'est plonger dans les archives des journaux de l'époque, consulter les musées et bibliothèques susceptibles d'en avoir conserver une trace, interroger les amateurs de vieilles voitures, fouiller, fouiner, vérifier. Pour finalement s'apercevoir que cette histoire est tombée dans l'oubli et qu'on ne sait que très peu de choses sur cet événement annuel.

Constat quelque peu étonnant quand on sait que la première exposition d'automobiles à Montréal remonte au samedi 21 avril 1906. Il y a 110 ans. Pas si loin que cela, à l'échelle du temps. La veille, en page 5 du journal La Presse, un entrefilet dans la section « Amusements » annonce une « exposition internationale d'automobiles à l'Aréna » (NDLR : l'aréna de Westmount). L'entrée est de 25 cents.

Le rapport à l'automobile est alors sans commune mesure avec ce que l'on connaît aujourd'hui. La voiture est une curiosité. Représente le progrès. Un produit de niche et de luxe. Réservée à quelques nantis.

Les instigateurs de l'exposition (encore inconnus aujourd'hui) ont réuni les « voitures automobiles fabriquées en Europe, aux États-Unis et au Canada ainsi que les canots automobiles, les moteurs, les vêtements d'automobiles, etc. Tout ce qui a rapport au sport de l'automobile », lit-on dans La Presse le jour de l'ouverture. Nombreux pour l'époque, les constructeurs et marques automobiles présents se nomment Cadillac, Minerva, Panhard, Argyll, Swift, Darracq, De Dion-Bouton, Russell, Daimler, Oldsmobile, Pope et Wilson.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

C'est en 1899 que la première «voiture sans cheval» fait son entrée dans les rues de Montréal. Premier véhicule à moteur immatriculé au Québec, cette De Dion-Bouton appartenait au promoteur immobilier Ucal-Henri Dandurand. Sept ans plus tard, la première exposition de voitures est organisée à Montréal.

Dès 1906, on a recours à des procédés originaux, que l'on voit encore en 2015 dans les salons, pour exposer son produit. « Plusieurs manufacturiers n'exposent que la charpente de la voiture - le châssis, comme on dit en terme de chauffeur », précise alors La Presse.

Mais qui sont les visiteurs de ce premier salon intéressés par ces machines à moteur ?

« Les industriels se rendent parfaitement compte qu'ils ont tout bénéfice à remplacer le cheval par le moteur électrique ou à gazoline, dans le transport de marchandises, écrit-on dans La Presse du 23 avril 1906. [...] Le public a fort admiré les énormes voitures de touring, si élégantes, si confortables et si solides. Les connaisseurs se sont extasiés sur le fini et la perfection de détail des voitures françaises. »

UN « ÉVÉNEMENT SPORTIF »

À cette époque, l'exposition est qualifiée d'« événement sportif » ! « En général, les amateurs veulent de fortes et puissantes voitures, des voitures capables de résister aux mauvaises routes, de monter des côtes, car le goût des longues courses se répand, et le propriétaire d'une automobile croit qu'il peut traverser tout un pays avec sa voiture et triompher de toutes les difficultés », précise le journal.

Les visiteurs ne sont pas seulement des curieux, « venus se distraire », mais aussi des acheteurs. Cette première exposition est un lieu de transactions. « Les prix ne les effraient pas, car quelques-unes des voitures les plus dispendieuses sont déjà vendues », observe un journaliste de La Presse au quatrième jour de l'exposition.

« Il est dès maintenant pratiquement assuré qu'il y aura une nouvelle exposition l'an prochain. Il est même fort possible que nous ayons chaque année notre salon d'automobiles, comme nous avons chaque printemps notre concours hippique », conclut La Presse dans son numéro du 27 avril 1906.

L'avenir donnera raison à l'auteur de ces lignes. Dès l'année suivante, l'exposition deviendra le « salon de l'auto de Montréal ». Presque 110 ans plus tard, l'événement est toujours au calendrier et a le statut de rendez-vous international.

20 000

Plus de 20 000 personnes auront visité en 1906 la première exposition d'automobiles à Montréal. Devant ce succès, l'événement est appelé à être renouvelé, un peu plus tôt au printemps.

Perspectives de l'époque

12 000

C'est le nombre de voitures produites au cours de l'année 1906 dans l'ensemble des usines de Detroit.

6000 $

La majorité des voitures en marché se vendaient en moyenne entre 1000 $, pour une deux-places, et 6000 $, pour une limousine, dans les années 1910. Une fortune à l'époque.

Les balbutiements menant au premier salon de Montréal

21 novembre 1899:

La première « voiture sans cheval » fait son entrée dans les rues de Montréal. Son propriétaire est le promoteur immobilier Ucal-Henri Dandurand.

21 avril 1906:

La première « exposition internationale d'automobiles » se tient à Montréal, à l'aréna de Westmount. C'est un « salon » l'année suivante.

1er octobre 1913: 

La Montreal Automobile Trade Association (MATA) est fondée. Elle regroupe les vendeurs d'automobiles de la ville de Montréal et de la province de Québec.

31 octobre 1913: 

Le directeur général de la MATA, Thomas C. Kirby, se charge de l'organisation du salon de l'auto pendant de nombreuses années.

24 janvier 1914: 

Le huitième « salon de l'automobile de Montréal » ouvre ses portes au Manège militaire de la rue Craig, le premier tenu sous la direction de la MATA.