« Le salon de la mort. » « Le transport en commun gratuit. » « L'auto tue, pollue. » Au gré des slogans hostiles, le salon automobile de Montréal n'a pas toujours reçu des visiteurs aguichés par les belles voitures. Il fut souvent un lieu de contestations mises sur pied par des mouvements aux revendications étrangement similaires à celles d'aujourd'hui.

Les automobilistes et les cyclistes ne sauront jamais partager la voie publique en toute harmonie ? En fouillant dans les archives des journaux, force est de constater que le débat ne date pas d'hier. Aux origines de la voiture et du salon, on s'opposait déjà à l'avènement de la voiture sans chevaux. Pour des groupes de pression, cette invention était bruyante, sentait mauvais, effrayait les - vrais - chevaux, empêchait les vaches d'avoir du lait (!). Et, comble de malheur, donnait des idées de liberté aux femmes...

Des revendications qui prêtent à sourire aujourd'hui. On n'a pourtant pas tout le temps rigolé dans les allées de la Place Bonaventure, par exemple.

Le 17 janvier 1981, une mère éplorée stigmatise la foule à l'entrée du salon. Quelques semaines plus tôt, sa fille de 15 mois a été happée mortellement par une voiture dont on ne retrouvera jamais la trace.

Ce jour-là, aux cris de « GM Murder », les membres du mouvement « Le monde à bicyclette » dénoncent les constructeurs automobiles, les gouvernants qui ne privilégient que le mode de transport privé, les « machos » qui prennent les rues pour des pistes de course.

La voiture a beaucoup de torts aux yeux des organisations écologistes. En janvier 1980, c'est le « Comité pour la décroissance de l'automobile » qui s'illustre en perturbant l'ouverture du salon de Montréal. La pollution générée par l'automobile est conspuée.

Cette notion n'est pas nouvelle. En 1976, « Le monde à bicyclette » dénonce, pancartes et masques à gaz à l'appui, l'environnement de la mort que crée l'automobile « qui tue, pollue et coûte énormément cher ». Les manifestants feront « le show » dans les allées du salon.

Le salon est aussi un lieu de revendications sociales. Comme lorsque les salariés de l'usine GM de Boisbriand expriment leur colère aux abords du Stade olympique aux débuts des années 2000.

Toutes ces manifestations se sont le plus souvent apparentées à des coups d'éclats. « C'était pour sensibiliser les gens, pas pour perturber le salon en tant que tel », commente Denis Dessureault, vice-président exécutif du salon de l'auto de Montréal.

Si ces manifestations en marge du salon sont devenues rares, pour ne pas dire exceptionnelles, les enjeux environnementaux et sociaux, eux, n'ont pas changé depuis.

PHOTO ARMAND TROTTIER, ARCHIVES LA PRESSE

À l’ouverture du salon de l’auto de 1981, une mère et ses amies pleurent la mort accidentelle de la petite Mélanie, 15 mois, happée par une automobile qu’on ne retrouvera jamais. 

PHOTO YVES BEAUCHAMP, ARCHIVES LA PRESSE

En 1976, une cinquantaine de manifestants tentent de sensibiliser les visiteurs du Salon de l’auto à la Place Bonaventure. Ils dénoncent les effets mortels de la voiture.

Nombreux déménagements

Au fil des décennies, le salon de l'auto de Montréal a connu beaucoup de déménagements. Tenue pour la première fois en 1906 à l'aréna de Westmount (remplacée par Place Alexis-Nihon aujourd'hui), l'exposition d'automobiles n'y reste apparemment pas longtemps. Le Manège militaire de la rue Craig dans les années 10, des édifices commerciaux au centre-ville dans les années 20, puis le bâtiment du stade DeLorimier dans les années 30 abriteront le salon. Après un long intermède dû à la Seconde Guerre mondiale, l'événement s'installe en 1969 à la Place Bonaventure, nouvellement construite, pendant 20 ans. Plus spacieuse, l'aire de jeu du Stade olympique est exploitée de 1990 à 1999. Après la déchirure du toit, le salon se replie à la Place Bonaventure en 2000 puis dans les installations attenantes au stade en 2001 et 2002. Il est au Palais des congrès depuis 2003.