Une rare Pagani Huayra exposée, Lamborghini et Ferrari dévoilant des premières canadiennes, McLaren annonçant qu'il aura bientôt pignon sur rue dans la région : le salon de Montréal n'échappe pas à cette vague « exotique » qui déferle sur l'industrie automobile depuis deux ou trois ans. Étrange phénomène, en apparence, qui s'explique facilement.

DES PRIX EXORBITANTS

Elles peuvent être décapotables, sportives, extrêmement puissantes, hors-norme - ou tout cela à la fois -, les voitures dites « exotiques » se vendent comme des petits pains à des prix parfois stratosphériques. La Pagani Huayra exposée au niveau 5 du Palais des congrès se détaille à 2,3 millions. À ce prix-là, on a la version tout inclus. Ouf ! À l'autre bout du spectre, la nouvelle McLaren 570S affiche le prix initial le plus raisonnable de la catégorie : 219 750 $. Chez Lamborghini, il faudra mettre au départ 309 985 $ pour acquérir la dernière Huracán Spyder ou 550 990 $ pour l'Aventador SV. Il faudra évidemment rajouter plusieurs milliers de dollars en options et en taxes avant de boucler la transaction. Quant aux amateurs du genre, ils ont toujours des Ferrari à 1,8 million.

DES VENTES QUI S'ENVOLENT

Ces prix ne freinent aucunement les acheteurs potentiels. Au contraire. Avant même que le concessionnaire ait reçu ses quelques exemplaires du constructeur, son carnet de commandes est déjà plein. Chez John Scotti, à Montréal, parmi la vingtaine de Huracán offertes, 18 sont vendues depuis l'automne dernier alors que les premières ne seront livrées qu'en avril. « Quelqu'un qui arrive en demandant à avoir une Aventador pour la saison prochaine, la réponse est non, à moins qu'il y ait une annulation », indique Bernard Durand, directeur des ventes de Lotus et représentant des ventes de Lamborghini chez John Scotti. Nouveau venu sur le marché canadien, McLaren y a vendu 250 voitures en un peu plus de trois ans. Il compte atteindre la barre des 400 dès la fin de l'année grâce à sa 570S. Au Québec, il se serait vendu l'an dernier quatre ou cinq Porsche 918, quatre Rolls-Royce Phantom à 600 000 $ et peut-être deux Ferrari à 1,8 million. « C'est beaucoup pour la province », nous dit un vendeur.

DE L'ARGENT QUI CIRCULE

Si ce marché des supervoitures et des voitures exotiques est en plein boom, ce n'est pas seulement en raison du contexte économique propice, c'est aussi dû à une offre à la fois plus abondante et plus attrayante. « Avec des produits comme ceux d'aujourd'hui, on ne peut pas manquer notre coup », lance Bernard Durand.

Néanmoins, la raison première reste l'argent. Tout simplement. « Il y a beaucoup d'argent. Ces clients-là ne veulent pas seulement une Ferrari, ils veulent une voiture faite à la main, ils veulent une voiture à plus de 2 millions. Il y a 15 ans, il n'y avait pas autant d'argent. Et en temps de crise, les gens qui ont de l'argent ont toujours de l'argent », observe Gad Bitton, président de Rolls-Royce Motor Cars Québec.

« Il y a une demande pour ces voitures et ces gens posent la question : ‟Qu'est-ce que je peux avoir de plus et qu'est-ce qui est plus rare ?" Les gens ont peut-être moins peur de dépenser leur argent aujourd'hui. Il y a 10 ou 15 ans, les gens pensaient que c'était fou, une auto à plus de 1 million », avance Chris Green, directeur pour les marques Pagani et McLaren du groupe Pfaff.

DES CLIENTS PLUS FORTUNÉS

Mais qui sont ces clients qui se paient le luxe d'acheter de telles voitures ? « Les cinq prochaines années vont être très profitables pour les Rolls-Royce, Bentley, Pagani, Bugatti, Koenigsegg. Il va y avoir le plus gros transfert d'argent de l'histoire, issu de fortunes colossales, à la nouvelle génération », explique Gad Bitton. Ces transferts de droits de succession vont s'opérer au sein de grandes familles et de grandes entreprises.

« Les gens sont de plus en plus éduqués, ils veulent de plus en plus de performance. Dans la tranche des 45 à 55 ans, il y a beaucoup de fortunés dans le monde », ajoute Gad Bitton. Sans compter que de nos jours, les acteurs, chanteurs et sportifs célèbres ne se font pas prier pour se faire plaisir...

« Et peut-être qu'il y a plus de gens qui montrent qu'ils ont de l'argent », conclut Umberto Bonfa, président de Ferrari Québec.

McLaren à Laval

Représenté à Toronto et à Vancouver, McLaren aura pignon sur rue dans la région métropolitaine, à Laval plus exactement. Le concessionnaire Jaguar Land Rover, sis boulevard Le Carrefour, a été choisi pour représenter la marque et vendre les super sportives dans tout l'est du Canada. Une salle d'exposition de 3000 pi2 sera construite d'ici la fin de l'année.

Photo André Pichette, La Presse

McLaren 570S

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Pagani Huayra