Renommé pour ses études souvent abracadabrantes, le 45e Salon de l'auto de Tokyo a fait honneur à sa réputation.Elles étaient en effet nombreuses, ces « autos spectacles », à se disputer les regards des visiteurs - et des concurrents - qui se demandaient, à juste titre, si elles n'étaient pas, en fait, que des coquilles vides.

Après tout, même si les prototypes présents généralement dans les salons préfigurent un véhicule de série, à Tokyo, on avait le sentiment que plusieurs d'entre eux ne constituaient qu'un prétexte pour créer une attraction.

C'est le président de Honda Takahiro Hachigo lui-même qui est venu dévoiler le Sports EV Concept sans rien divulguer quant à sa puissance ni son autonomie. Photo: AFP

UN PEU N'IMPORTE QUOI 

L'impression première, c'était à qui exposerait la voiture de demain la plus propre ou la plus intelligente, même hâtivement bricolée.





Chez certains constructeurs, cela sentait vaguement la mauvaise conscience d'avoir mal négocié le virage censé déboucher sur la ligne droite menant à l'électrification du groupe propulseur et à la conduite assistée. Tous prétendaient que leurs sculptures montées sur roues, parfois plus proches du sketch et du jeu vidéo que de la voiture de série, intégraient ces avancées technologiques, mais peu de constructeurs s'empressaient de les détailler. 

Dans ce contexte, un constructeur aurait très bien pu annoncer que son moteur carbure au wasabi qu'on aurait été forcé de le croire sur parole. Visiblement, plusieurs constructeurs japonais ont profité du thème de l'événement, « Au-delà du moteur » (Beyond the Motor), pour ne pas avoir à révéler l'avance - ou est-ce le retard ? - sur leurs concurrents.

UN CURIEUX PETIT COUPÉ

Pour faire honneur à une manifestation réputée pour l'audace des études conceptuelles qui y sont exposées, Honda a également sacrifié - mais avec modération - au rite des prototypes. La marque y présentait une série de véhicules électriques dont un curieux petit coupé au nom banal : Sport EV Concept. Ce dernier revendique sa filiation avec le dessin sobre et fluide de certaines GT des années 60, mais aussi de la S600 produite par Honda au cours de la même période. Des références qui, en Amérique du Nord, risquent de ne pas évoquer grand-chose auprès du jeune public potentiellement ciblé par ce modèle. 

Plus intelligible est le discours des stylistes lorsqu'ils se réclament d'une certaine esthétique japonaise : traits nets et épurés, élégance dans la simplicité, souci du détail, technologie sous-jacente... La direction de Honda confirme en effet la présence d'un propulseur électrique, mais ne divulgue aucune information quant à la puissance de celui-ci ou moins encore au sujet de l'autonomie.

Sans être transcendant, cet exercice de style apparaît prometteur. Le dessin est à la fois abouti et cohérent. Le lancement commercial de ce véhicule n'était pas non plus à l'ordre du jour, mais Honda a néanmoins confirmé que l'Urban EV Concept, duquel dérive étroitement ce biplace, serait bel et bien produit à compter de 2019. On est tenté d'y voir une petite étincelle et une volonté d'assurer la descendance du CR-Z, biplace récemment disparu du catalogue de la marque japonaise.