Les gros véhicules consommateurs d'essence seront encore en vedette dès dimanche lors de la 30e édition du Salon de l'auto de Détroit, la capitale de l'auto américaine, même si les véhicules électriques tentent de percer sur le marché.

Après des années record, le marché s'essouffle quelque peu aux États-Unis et les constructeurs veulent exposer ce qui se vend le mieux alors que plusieurs d'entre-eux sont menacés de voir leurs marges considérablement réduites si Donald Trump met à exécution ses menaces de quitter l'accord de libre-échange nord-américain (Aléna), qui unit le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Le salon démarre avec les journées dédiées à la presse, qui s'étaleront de dimanche à mardi et seront suivies de visites des professionnels.

Les portes du Cobo Center, salle d'expositions située au centre de Détroit près de la rivière-frontière avec le Canada, s'ouvriront au public à compter du 20 janvier et ce jusqu'au 28. Quelque 700 000 personnes sont attendues.

«Ça va être rempli de pick-ups et VUS»

En dépit de l'enthousiasme autour des véhicules autonomes et électriques, les stars de cette grand-messe seront encore les grosses voitures (pick-ups, VUS, multisegments) qui ont constitué près des deux-tiers des 17,23 millions de véhicules vendus en 2017 aux États-Unis.

«Ça va être rempli de pick-ups et de VUS», résume Joe Wiesenfelder, journaliste au site spécialisé cars.com. Près de la moitié des nouveaux modèles qui seront dévoilés seront des gros buveurs de carburant.

Fiat Chrysler devrait présenter son nouveau Ram 1500, tandis que GM va dévoiler le nouveau Chevrolet Silverado construit --en partie-- avec du fibre de carbone.

Outre une édition limitée de la Mustang GT Bullitt, Ford devrait ressusciter le Ford Ranger, un pick-up intermédiaire qui avait disparu du marché nord-américain en 2011. Nissan présentera le nouveau VUS 4X4 urbain Rogue, un de ses gros succès sur le marché nord-américain.

Le Hummer nouveau est italien

Detroit va aussi marquer la première nord-américaine du très gros VUS Urus de Lamborghini, présenté comme le plus rapide au monde et vendu au prix de base de 200 000 dollars US.

«Tant que le prix de l'essence sera à 2 dollars le gallon (66 cents CAN/litre), je ne vois pas de gros nuages à l'horizon pour ces gros véhicules», explique Maryann Keller, experte au cabinet MK&A.

D'autant, ajoute-t-elle, que le coût de production de ces grosses voitures n'est pas beaucoup plus élevé que les berlines et citadines alors même qu'elles sont beaucoup plus rentables.

La plupart des berlines moyennes coûtent environ 17 000 dollars à produire et sont vendues par la suite au consommateur autour de 25 000 dollars US. Un pick-up peut coûter entre 20 000 et 22 000 dollars US à construire mais peut être vendu aux alentours de 45 000 dollars US, détaille l'experte.

Dans une présentation aux investisseurs en 2016, Itay Michaeli, un analyste de la banque Citigroup, avait avancé que chaque pickup de GM générait un bénéfice d'environ 11 000 dollars US. À l'inverse, le géant de Détroit perdait, selon lui, des centaines de dollars sur des berlines et citadines.

«Detroit met en exergue les véhicules qui sont le pain et le beurre des constructeurs», souligne Matt DiLorenzo, chez Kelley Blue Book.

Tesla boude le Salon de Détroit

Il ne devrait pas y avoir de grande annonce concernant les voitures autonomes malgré une section du salon dédiée à l'autonomie, s'accordent les experts, ajoutant que les informations sur les technologies futures sont désormais réservées au salon de l'électronique de Las Vegas (CES) qui ouvre ses portes ce week-end au grand public.

L'absence d'un nombre important de constructeurs tels Volvo, Porsche ou encore Jaguar ne va pas manquer d'alimenter le débat en cours sur l'avenir de Détroit au moment où la Silicon Valley veut prendre le volant du secteur.

«La plupart des constructeurs choisissent de dévoiler leurs produits et technologies futurs au CES (...) et se tournent vers Détroit pour présenter ce qu'ils vendent actuellement», résume Matt DiLorenzo.

La star des véhicules électriques, l'Américain Tesla, ne fait d'ailleurs même pas le déplacement à Détroit pour y présenter ses produits.