Elle pourrait parler avec vous, aider à faire les courses, ou même s'adapter à votre humeur : la voiture de demain n'aura peut-être plus besoin d'un conducteur, mais elle entend bien garder un rôle central dans la vie des consommateurs.

« L'idée, c'est d'être davantage qu'une machine, d'être un partenaire, de vous rendre heureux », indique Amanda McCoy, une représentante du numéro un mondial de l'automobile Toyota. Cela passe par « beaucoup d'investissements dans la conduite autonome et l'ajout d'émotions au véhicule », et cela s'illustre dans le « Concept-i », un véhicule imaginé par le groupe japonais et équipé d'une interface utilisateur à intelligence artificielle.

Dans la simulation réalisée au salon d'électronique CES de Las Vegas, la voiture commence à parler au conducteur dès qu'il s'installe au volant. Elle suggère des destinations et demande d'en confirmer une pour programmer le logiciel de navigation. Elle l'observe avec une caméra, lui trouve « l'air très joyeux » et décide donc de prendre « la route la plus joyeuse », car plus scénique.

Dans le scénario d'une conduite manuelle citadine, le véhicule reste aux aguets, prévenant d'éventuels dangers (piéton, feu rouge) avec des signaux sonores et lumineux. Quand elle passe en conduite autonome, la lumière ambiante change, les sièges avant s'inclinent et se mettent à masser le dos des passagers.

L'auto comme « salon roulant »

La société suisse Rinspeed présente à Las Vegas un autre prototype, le véhicule électrique urbain Oasis, conçu avec toute une série de partenaires industriels... et un jardin miniature sur le capot. « Un clin d'oeil », reconnaît son patron, Frank Rinderknecht, qui veut montrer « une image différente de la voiture ».

« L'intérieur des voitures à l'avenir sera entièrement redéfini, car les besoins seront différents »,  fait-il valoir. « Et la plus grande force derrière ça, c'est la conduite autonome. »

Les voitures sans chauffeur, dont certains acteurs du secteur promettent une production en série aux alentours de 2020, sont un thème phare au CES cette année, avec des prototypes et des démonstrations dans les rues de Las Vegas par nombre de constructeurs et équipementiers. Mais si on ne conduit plus, cela ouvre la porte à plein d'autres activités.

L'Oasis est comparé à « un salon roulant », avec un habitacle spacieux et adaptable. Quand il passe en mode autonome, le volant se replie pour accueillir une tablette avec un clavier et un porte-gobelet. Sur l'écran prenant toute la largeur du pare-brise avant, les informations utiles pour la conduite laissent place à des applications productives (vidéoconférence) ou de divertissement.

Rinspeed a pensé son véhicule pour un usage partagé, avec également un tiroir arrière pour transporter du courrier ou des livraisons pour des tiers. Et il l'a bourré de technologies avec des projections holographiques sur le pare-brise et beaucoup de connectivité.

« L'idée ce n'est pas de mettre la voiture complète en production, mais des éléments », indique M. Rinderknecht. « On a des technologies prêtes déjà aujourd'hui, et d'autres qui le seront dans deux-trois ans. »

Les véhicules sont déjà très connectés, et commencent à parler grâce aux assistants virtuels à commande vocale. Nissan et BMW ont annoncé au CES l'intégration de celui de Microsoft, Cortana, tandis que Ford a préféré Alexa, développé par Amazon.

Stimuler les sens

Certains envisagent de transformer la voiture en plateforme de paiements, comme Honda qui montre, en coopération avec l'émetteur de cartes bancaires Visa, un système pilote pour régler directement depuis la voiture à la pompe ou au stationnement.

Plusieurs acteurs du secteur automobile envisagent aussi de personnaliser l'expérience de l'utilisateur avec la reconnaissance vocale, faciale, ou même biométrique.

Cela pourrait permettre de proposer des programmes audio différents aux passagers d'une même voiture, de se rappeler des réglages de différents utilisateurs, ou d'adapter l'environnement intérieur à leur humeur et leur état de fatigue.

Hyundai explique par exemple qu'on peut avoir des capteurs dans le siège pour évaluer la posture, dans la ceinture de sécurité pour surveiller la respiration respiratoire, dans le volant pour suivre le rythme cardiaque, et déceler ainsi qu'un conducteur risque de s'endormir ou est en situation de stress.

Le groupe sud-coréen expérimente sur des réponses sensorielles : réveiller un conducteur somnolent avec de l'air frais, une lumière bleue et une odeur mentholée, ou le calmer avec une lumière, une odeur et une température plus chaudes.

De tels systèmes pourraient aider à diminuer les accidents, mais aussi à « réengager » dans une situation d'urgence un conducteur dans une voiture en mode autonome, avance David Mitropoulos-Rundus, qui travaille sur ces sujets chez Hyundai.