BlackBerry, une entreprise qui s'attarde de plus en plus à la technologie pour le marché des véhicules autonomes, effectue une première visite au plus grand salon de l'automobile en Amérique du Nord, celui de Detroit, où l'équipe du chef de la direction John Chen compte lancer un nouveau produit, lundi.

Au cours des cinq dernières années, le chef de la direction a réduit graduellement la dépendance de l'entreprise ontarienne aux téléphones intelligents dans un marché saturé et a repositionné l'entreprise, anciennement connue sous le nom de Research in Motion, comme un acteur d'innovation en cybersécurité et en logiciels.

M. Chen voit la première apparition de BlackBerry au salon international de l'automobile de l'Amérique du Nord (NAIAS) comme une étape dans sa feuille de route pour l'avenir de l'entreprise.

Le chef de la direction a dit croire que l'invitation faite à BlackBerry reflète l'importance accordée par les constructeurs aux logiciels dans les véhicules et la position de son entreprise comme chef de file en cybersécurité.

L'entreprise établie à Waterloo mise beaucoup sur sa division BlackBerry QNX, un concepteur de logiciels à Ottawa auparavant indépendant qui a fait des percées auprès de Ford et de fournisseurs dans le secteur automobile à travers le monde.

Il est possible que BlackBerry soit en mesure d'établir sa marque sur les marchés mondiaux de l'automobile en intégrant son logiciel dans les prochaines générations de véhicules autonomes, mais le secteur en est à ses premiers pas et il est trop tôt pour dire si l'entreprise ontarienne réussira son pari.

« Je crois effectivement qu'il s'agit d'un joueur de premier plan [dans le secteur], particulièrement pour le Canada », a dit Alexandra Cutean, directrice du Conseil des technologies de l'information et des communications (CTIC), un groupe de réflexion établi à Ottawa.

Ses recherches montrent que les secteurs automobiles de l'Allemagne et des États-Unis sont considérés comme des leaders mondiaux. La Suède, le Royaume-Uni, le Japon, la France, la Chine, l'Italie et la Corée du Sud sont aussi dans la course.

« Par comparaison, l'approche du Canada dans le développement de la technologie audiovisuelle, de même que le progrès dans le transport intelligent dans l'ensemble, ont été lents », a affirmé Mme Cutean, auteure d'un récent rapport sur le secteur du véhicule autonome au Canada.

Mme Cutean a tout de même souligné le premier essai au Canada par BlackBerry en octobre d'une automobile sans conducteur, une avancée importante pour le champ d'expertise au pays.

BlackBerry est un bon exemple de la création par des fabricants de pièces automobiles de composantes cruciales et d'éléments centraux de véhicules, a affirmé Sabrina Bond, auteure du rapport 2018 du Conference Board du Canada sur l'industrie automobile.

Parmi les autres exemples figurent les deux plus importants fabricants de pièces automobiles au Canada Magna International et Linamar, a-t-elle indiqué.

« Vous pourriez voir des pièces chinoises, japonaises, nord-américaines et européennes toutes intégrées dans un même véhicule d'une manière inédite », a dit croire Mme Bond.

En fait, BlackBerry s'est fait régulièrement des alliés dans tous les maillons de la chaîne de l'industrie automobile : des fabricants de puces électroniques, des fournisseurs de pièces de premier niveau et des constructeurs - connus sous le nom de fabricant d'équipements d'origine.

Parmi ses partenaires majeurs figure Ford, qui a convenu en octobre 2016 d'élargir l'usage du système d'exploitation Neutrino, de la technologie de sécurité Certicom, de l'hyperviseur QNX et du logiciel de traitement audio QNX.

Quelques semaines plus tard, BlackBerry montrait un concept d'automobile Jaguar XJ avec une nouvelle cabine numérique conçue pour combiner les fonctionnalités des instruments de bord et du divertissement.

Depuis l'automne dernier, BlackBerry a annoncé divers arrangements avec certaines des plus importantes entreprises au monde de semiconducteurs, telles que Delphi, Visteon, Qualcomm, Denso, et Nvidia.

La semaine dernière, BlackBerry a utilisé deux véhicules pilotes d'Aston Martin et Range Rover comme illustrations tangibles des possibilités du logiciel QNX.