On serait tenté de croire qu'un constructeur d'automobiles conçues pour être pilotées serait hostile à la conduite autonome. Après avoir constaté à quel point l'autoroute 401 qui mène à Toronto est ennuyeuse, le PDG de Porsche Canada n'a toutefois aucune gêne à affirmer que la technologie rendra ses véhicules plus amusants que jamais.

« Pour quelqu'un qui est pris dans la circulation, qu'il soit dans un Porsche Cayenne ou une camionnette Ford, c'est la conduite autonome qui fera la différence. Nous, on souhaite libérer nos clients de l'heure de pointe. Ils pourront plutôt se divertir, travailler ou faire autre chose. C'est ce qu'on appelle la 25e heure », résume Marc Ouayoun, PDG de Porsche Canada.

Le Français d'origine est catégorique : on pourra faire le trajet entre Montréal et Toronto en voiture d'ici 10 ans, au plus tard, sans avoir à toucher le volant.

ÉLECTRIFICATION ET CONDUITE AUTONOME

Ça ne signifie pas pour autant que la Taycan, la berline tout-électrique de la marque de Stuttgart qui débarquera au pays l'hiver prochain, sera en mesure de rivaliser avec le système Autopilot de Tesla.

L'autoroute 401 près de Toronto, un trajet plutôt ennuyeux... Porsche veut libérer ses clients de l'heure de pointe. Photo Getty Images

« On préfère être des early-followers sur cette technologie. On ne se compare pas à Tesla, même si on souhaite électrifier davantage de modèles, ce qui cadre bien avec notre image de marque. »

- Marc Ouayoun, PDG de Porsche Canada

Pour Porsche, il y a une condition essentielle liée à l'électrification et à la conduite autonome : convaincre les autorités de leur faire une meilleure place sur le réseau routier.

« Pour les marques de luxe, l'aide gouvernementale à l'achat d'un véhicule électrique n'a aucun effet. En revanche, si on pouvait avoir plus de voies réservées, ça pourrait être déterminant », explique le dirigeant de Porsche Canada.

Une voie réservée ne rendrait pas la Transcanadienne plus amusante, mais sans doute accélérerait-elle l'adoption de la conduite autonome...

VERS UN ROBOT-VOITURIER ?

Si Porsche souhaite automatiser la conduite à haute vitesse sur autoroute, sa rivale BMW, elle, est aux antipodes : c'est le stationnement qui l'intéresse. Plus précisément, ce geste répétitif qu'effectuent les automobilistes tous les jours, ou presque, en quittant la maison ou le bureau puis en y arrivant.

Photo Porsche.

À Montréal le mois dernier, le groupe bavarois a présenté la technologie Back-up Assistant, introduite à bord de son VUS intermédiaire, le X5. Ce système mémorise un déplacement vers l'avant sur une distance d'environ 50 m, puis est en mesure de le reproduire, au centimètre près, en marche arrière. Au fil du temps, BMW explique que son assistant peut ainsi mémoriser la façon dont la voiture se gare toujours au même endroit, comme dans le garage de la maison, afin de faciliter la tâche du conducteur.

« Il faut demeurer à bord du véhicule pour que l'assistant s'active, mais c'est une fonction qui s'ajoute à l'aide au stationnement, introduite il y a deux ans, et qui laisse la voiture se garer d'elle-même dans un espace exigu une fois que le conducteur en est sorti », explique Mike DeMelo, spécialiste de la technologie ConnectedDrive de BMW.

Le porte-parole de BMW ne le dit pas explicitement, mais l'objectif semble clair : développer l'équivalent automatisé d'un voiturier qui vous déposerait à la porte de la maison ou du bureau, puis qui irait garer la voiture tout seul.

Là encore, le groupe allemand se défend bien de vouloir rivaliser avec Tesla, mais cette dernière a fait grand cas, l'automne dernier, d'une mise à jour de son propre système, appelé Autopilot, qui inclut une fonction d'appel à distance du véhicule qui rappelle elle aussi un voiturier robotisé.

Les amateurs de voitures de luxe ne s'offusqueront pas de ne plus avoir à accomplir cette tâche manuellement. Ce n'est pas aussi ennuyeux que le trajet Montréal-Toronto, mais ça ne fait pas plus partie de la définition du plaisir de conduire...

Si Porsche souhaite automatiser la conduite à haute vitesse, sa rivale BMW, elle, est aux antipodes : c'est le stationnement qui l'intéresse. Photo BMW