Honda a lancé jeudi au Japon sa voiture à hydrogène, la Clarity Fuel Cell. Les lancements en Europe et aux Etats-Unis sont prévus d'ici à la fin de l'année. La Clarity Fuel Cell montre que Honda mise comme son concurrent Toyota sur cette technologie écologique mais très coûteuse.

Cette cinq-places électrique alimentée par une pile à combustible, qui ne rejette que de la vapeur d'eau, est plus spacieuse et dotée d'une plus grande autonomie (environ 750 kilomètres) que la Toyota Mirai, affirme Honda.

Avec un plein qui se fait en seulement trois minutes, la Clarity Fuel Cell «est aussi facile à utiliser qu'une voiture à essence», a assuré le groupe, contrairement aux actuelles voitures électriques, qui ont une autonomie réduite et prennent des heures à charger.

Évidemment, il faut trouver une station d'hydrogène. Il y en a à peine une quarantaine au Japon, mais ce chiffre devrait atteindre 100 d'ici quelques années. Il y en a 22 aux États-Unis, dont 19 en Californie, le seul État où la Clarity Fuel Cell sera lancée, du moins cette année.

(Il y a quatre stations expérimentales au Canada, toutes la Côte Ouest, et la Clarity Fuel Cell ne sera pas offerte au Canada pour le moment).

Technologie très hypothétique

La production des voitures à hydrogène est délicate et le prix très élevé (7,6 millions de yens, soit 89 000 $) assure que Honda vendra autant de Clarity Fuel Cell que Toyota vendra de Mirai : très peu.

Honda va donc dans un premier temps se concentrer sur la location-bail à des sociétés d'État et entreprises et vise "environ 200 unités" la première année.

Mais Honda espère cependant abaisser fortement le prix d'ici à 2025, pour proposer sa berline à hydrogène au même tarif que les hybrides essence et électricité. Pour ce faire, Honda collabore avec GM. qui maîtrise bien cette technologie (bien que l'américaine dise n'avoir aucune intention de commercialiser ses véhicules à hydrogène dans un avenir prévisible).

Honda travaille la filière de l'hydrogène depuis la fin des années 1980 et avait lancé en 2002 une voiture de ce type, la FCX, puis la FCX Clarity en 2008, mais à très petite échelle.

Toyota commercialise la Mirai depuis fin 2014. Il en a livré quelques centaines d'exemplaires, presque toutes au Japon. Les commandes sont de l'ordre de quelques milliers et l'attente est longue pour les automobilistes intéressés.

La filière hydrogène ne semble pas très prometteuse, puisqu'elle mise sur des technologies encore en développement et surtout, sur un investissement public et privé colossal pour créer de toutes pièces un réseau de distribution à l'échelle mondiale. Mais cette technologie est très stimulée au Japon, en quête d'indépendance énergétique depuis l'accident nucléaire de Fukushima il y a cinq ans. Le pays du soleil levant et du sushi a pris une longueur d'avance sur l'Allemagne ou la Californie. Le Premier ministre Shinzo Abe vise un marché de 1000 milliards de yens (11,8 milliards de dollars) par an pour la filière d'ici à 2030.

Parmi les constructeurs étrangers, le sud-coréen Hyundai Motor propose également des véhicules roulant à l'hydrogène, tandis que d'autres, comme BMW ou Daimler, ont annoncé des véhicules de série à terme, sans détails concrets toutefois pour l'instant.