Quatre journalistes de La Presse ont accepté de participer à des essais comparatifs de véhicules. Avec chacune des préoccupations et des besoins différents. Cette semaine, Iris Gagnon-Paradis teste trois modèles de voitures électriques. Premier volet d’une série de quatre

Urbains et branchés : réaliste ou utopique ?

Nous sommes plusieurs, avec le réchauffement climatique, à vouloir faire des gestes concrets afin de réduire notre empreinte environnementale. L’achat d’une voiture électrique en est sans contredit un ! Mais ce choix demande d’adapter ses habitudes, surtout lorsqu’on n’a pas de solution de recharge à domicile.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Notre journaliste a bien aimé la conduite au volant de la Kia Niro EV EX.

Pour des raisons environnementales, et pour éviter d’être à la merci des variations constantes du prix de l’essence, nous songeons sérieusement à acheter une voiture électrique, lorsque notre vieille Acura nous aura définitivement lâchés.

Si je suis prête à certains compromis, d’autres aspects sont non négociables. Parmi eux : une grande autonomie qui me permettra de me rendre à Québec, où habite une partie de ma famille, sans devoir m’arrêter en route.

Autre problématique : je loue, avec mon conjoint et notre enfant, un appartement dans le quartier Rosemont, sans accès à une cour… ni à une prise électrique permettant de brancher une voiture. Est-il vraiment réaliste de se procurer une voiture électrique dans ces conditions ?

À l’essai

Pour en avoir le cœur net, nous avons essayé au cours de l’été trois modèles électriques récents : la Nissan Leaf, la Bolt EV et la Kia Niro EV EX. Toutes avaient une autonomie d’au moins 360 km, donc amplement pour se rendre dans la Vieille Capitale. Un problème de réglé !

Tous les modèles ont su nous plaire, pour différentes raisons.

Mon conjoint et moi avons chacun nos critères, mais un facteur important demeure un habitacle et un coffre spacieux, pour nos différents périples à Québec et en région (et aussi pour les virées chez Costco !). À cet égard, la Bolt, très compacte, est dotée d’un coffre vraiment trop petit pour nos besoins, alors que les deux autres offraient un espace suffisant.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Le coffre de la Kia Niro

Mon conjoint apprécie les voitures qui ont une bonne tenue de route et une accélération digne de ce nom ; c’est pourquoi, de toutes, il a préféré la Bolt et sa conduite sportive. Il a aussi apprécié la tenue de route de la Kia Niro EV, alors que la Nissan Leaf lui a semblé moins stable à l’accélération.

De mon côté, comme je suis de petite taille, il m’arrive souvent de trouver que j’ai une mauvaise visibilité dans certaines voitures (volant ou tableau de bord trop haut, siège trop bas…). Ainsi, malgré la bonne vision périphérique qu’offre la Bolt, j’ai trouvé que le siège était un peu trop près du sol. Ma préférée a été le multisegment de Kia, avec son siège qui s’ajuste non seulement latéralement, mais aussi en hauteur.

Charger sans se fatiguer

Il reste la question du chargement de la batterie, sans solution de recharge à domicile. Nous nous sommes rendu compte qu’avec un peu de flexibilité, c’était très faisable, surtout dans l’île de Montréal.

D’abord, il existe des centaines de bornes de recharge à Montréal et dans les autres agglomérations urbaines du Québec. Ces bornes appartiennent à deux réseaux dits « interopérables », Circuit électrique ou FLO.

Nous avons opté pour le premier. Il suffit de télécharger – gratuitement – l’application Circuit électrique sur son téléphone intelligent, qui permet de localiser facilement la borne la plus proche et de créer un compte qu’on peut renflouer avec une carte de crédit.

Le prix : 1 $ l’heure pour les bornes ordinaires à 240 volts, qui permettent de recharger la voiture en quelques heures, selon le niveau de la batterie. Il existe aussi des bornes rapides à courant continu, plus puissantes. En moins d’une heure (le coût est de 11,50 $ l’heure, facturé à la minute), ces bornes peuvent remplir une batterie jusqu’à 80 % (à condition que la voiture soit dotée d’un port de recharge rapide, ce qu’elles avaient toutes). Très pratique !

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Notre Chevrolet Bolt se fait charger.

Sans trop de difficulté, nous nous sommes adaptés à cette nouvelle façon de fonctionner. Il y avait deux bornes de recharge à un coin de rue de notre domicile, ce qui a grandement facilité les choses. Après quelques tâtonnements, on apprend bien vite à se servir du système et à recharger la voiture au besoin.

Mon conjoint, qui s’est servi des voitures pour aller travailler sur la Rive-Sud et visiter ses différents clients à Montréal et dans les environs, rechargeait ainsi les voitures tous les deux ou trois jours, en fonction de son utilisation. Nous n’avons pas remarqué de grandes différences quant au rythme auquel les batteries des trois voitures se déchargeaient et se rechargeaient.

Nous avons poussé l’expérience plus loin avec la Bolt, alors que nous avons décidé de partir de la ville pour un week-end de camping, près du mont Mégantic, à 236 km de Montréal.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Vue de l’intérieur de la Chevrolet Bolt

Avant de partir, nous avons prévu le coup : comme il était impossible de brancher la voiture au camping, nous avons cherché un Supercharger dans les environs, pour le chemin du retour. Il y en avait un à Lac-Mégantic, tout de même à une cinquantaine de kilomètres du camping. Ce qui fait un total de 290 km environ, donc encore en deçà de l’autonomie de la Bolt, à 383 km.

Après quelques détours et en circulant sur l’autoroute (plus on roule vite, plus on vide la batterie), il ne nous restait plus une très grande marge de manœuvre une fois arrivés à Lac-Mégantic. Pendant que mon conjoint chargeait la voiture, mon fils et moi, nous nous sommes amusés dans un grand parc près du lac et nous nous sommes même baignés à la plage municipale !

Bref, nous avons fait un détour qui nous a amenés à découvrir une ville que nous n’avions jamais visitée, ce qui ne serait jamais arrivé avec une voiture à essence. Vive l’aventure !

Une conduite zen

Je dois dire que j’ai vraiment adoré mon expérience. Il y a d’abord le silence du moteur, qui induit un sentiment de calme presque instantané. Même mon conjoint, qui a tendance à s’impatienter sur la route, est devenu beaucoup plus zen.

Nous avons aussi vraiment aimé l’e-pedal de la Nissan Leaf et le système de freinage par récupération de la Bolt, deux modes de conduite semblables qui permettent de conduire à une seule pédale. En activant ce mode de conduite, l’accélérateur devient aussi un frein. Il suffit de relâcher la pédale pour que la voiture ralentisse, jusqu’à l’arrêt complet. Il faut une période d’adaptation, mais c’est vraiment pratique dans la circulation. Ça aussi, ça rend plus zen. En bonus, l’utilisation de ce mode de conduite permet de recharger la batterie.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Notre journaliste à bord de la Kia Niro

Conduire une voiture électrique, c’est changer ses habitudes, certes, mais c’est aussi une grande économie d’argent. Évidemment, il est plus cher de se brancher aux bornes que de recharger chez soi. Mais quelques dollars pour charger une batterie, comparativement à une cinquantaine pour remplir le réservoir de mon Acura, c’est tout de même beaucoup d’argent épargné.

Vraiment, pour nous, la question ne se pose plus : lorsque nous aurons à changer de voiture, c’est sans regarder en arrière que nous nous tournerons vers l’électrique.

Comparatif : Nissan Leaf, Chevrolet Bolt et Kia Niro

Nissan Leaf Plus SL 2019

PHOTO FOURNIE PAR NISSAN

La Nissan Leaf Plus 2019

Prix de base* : 44 898 $
Prix du modèle essayé* : 50 898 $
Batterie : 62 kWh
Autonomie : 363 km

On aime : Le coffre assez spacieux pour contenir de multiples bagages lors de déplacements plus longs. Le-pedal, qui permet de naviguer dans la circulation sans se fatiguer, tout en rechargeant du même coup la batterie.

On aime moins : La voiture se contrôle moins bien dans l’accélération, elle a moins de stabilité. La visibilité, sans être mauvaise, ne nous a pas semblé optimale, impression de vision en tunnel.

Verdict : Achat à considérer, car malgré quelques petits défauts, c’est une voiture facile à conduire et à adopter.

Chevrolet Bolt EV 2019

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

La Chevrolet Bolt

Prix de base* : 44 800 $
Prix du modèle essayé* : 50 890 $
Batterie : 60 kWh
Autonomie : 383 km

On aime : La conduite sportive, la maniabilité et l’accélération digne de ce nom, ainsi que le look. Malgré sa petite taille, elle offre un bon espace en cabine et une bonne visibilité de tous les angles de la route.

On aime moins : L’espace du coffre, insuffisant pour contenir tous nos bagages. Sièges près du sol, moins adéquats pour les personnes de petite taille.

Verdict : Pas assez d’espace pour nos besoins, mais véhicule le plus agréable à conduire.

Kia Niro EV EX 2019

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La Kia Niro EV EX

Prix de base* : 44 995 $
Prix du modèle essayé* (SX Touring) : 53 995 $
Batterie : 64 kWh
Autonomie : 385 km

On aime : Le côté pratique et spacieux du multisegment, l’assistance Pro-Pilot qui nous a semblé la meilleure des trois modèles, la bonne tenue de route, les sièges ajustables pré-programmables qui s’adaptent à plusieurs morphologies, certaines options plus luxueuses (sièges chauffants/ventilés, toit ouvrant…).

On aime moins : Nous avons été déçus par le système de freinage régénératif de la Kia, qui nous a semblé moins efficace que celui des autres modèles essayés.

Verdict : Très intéressant pour ceux à la recherche d’un multisegment électrique.

* Le prix des voitures indiqué n’inclut pas les rabais gouvernementaux pour les véhicules électriques.