Le 4 janvier dernier, la toute dernière Mercury jamais construite par Ford, une Grand Marquis 2011 de couleur blanche, a quitté la ligne de montage de l'usine de St. Thomas, en Ontario, sans même qu'une photo officielle ne soit prise. Cette auto était destinée à une agence de location américaine.

Malgré de nombreuses promesses de raviver la marque, Ford a finalement décidé d'abandonner le nom Mercury, tuant ainsi les modèles Mariner (nés Ford Escape), Milan (nés Fusion) et Grand Marquis. Pourtant, il s'était vendu 28 543 Grand Marquis en 2010, 15% de plus que l'année précédente.

La marque Mercury est née en 1938 en tant que modèle 1939. C'était l'idée d'Edsel Ford, le brillant fils d'Henry Ford, qui avait, plus tôt dans sa carrière, convaincu son célèbre père d'acheter la marque Lincoln et de remplacer la vieillissante Model T par la Model A, un exercice qui ne lui fut pas facile. Edsel a donc pensé créer la marque Mercury, une version plus cossue de la Ford De Luxe, afin de concurrencer les Oldsmobile, Buick, Chrysler et Desoto de l'époque.

La Mercury a partagé sa caisse presque identique avec celle de la Ford jusqu'en 1949, quand son constructeur lui a donné un look unique. À partir de cette année-là, la Mercury est devenu plus grosse, faisant le pont entre la plus courante Ford et la très coûteuse Lincoln. En fait, elle a même commençé à se rapprocher de la Lincoln, comme le prouvent les massives versions Turnpike Cruiser et Park Lane des années 50. Durant les années 60, l'auto a acquis une identité plutôt sportive grâce à ses modèles S-55 et Marauder, ces derniers réussissant très bien en course automobile NASCAR.

C'est aussi durant les années 60 que la lignée Mercury s'est enrichie d'autres modèles, comme le voulait la tendance. En 1960, on a vu apparaître la compacte Mercury Comet (qui, en vérité, devait être l'Edsel Comet mais dont le nom a été changé quand la marque Edsel est disparue) puis la Mercury Meteor, voiture intermédiaire basée sur la Fairlane (le nom a été emprunté des Ford Meteor canadiennes). Ce dernier nom est revenu plus tard sur de grandes Mercury dont la commercialisation ne s'est faite que sur le marché canadien.

En 1967, les amateurs de voitures sportives ont fait connaissance avec le superbe coupé Cougar, établi sur une plateforme de Mustang. Avec le temps, la Cougar a pris plusieurs formes, passant de coupé sport à voiture intermédiaire pour finalement terminer sa carrière en coupé aux lignes uniques basé sur une plateforme à traction avant de 1999 à 2002.

Photo fournie par Ford

La marque Mercury a vu le jour en 1939.

Photo fournie par Ford

En 1949, la Mercury a adopté une ligne nettement différente de celle des Ford.

De bonnes et... de moins bonnes années

Tout comme les marques de la concurrence, la gamme Mercury a adopté plusieurs modèles de voitures moins coûteuses, en l'occurrence, de Ford.

Ainsi sont nées les Mercury Monarch (nées Ford Granada), Zephyr (nées Ford Fairmount) plus tard rebaptisées Marquis puis Cougar, Bobcat (nées Ford Pinto), Lynx puis Tracer (nées Ford Escort et Mazda 323), LN7 (nées Ford EXP) et même Topaz (nées Ford Tempo). Il y a eu, chez les concessionnaires Mercury, des voitures européennes comme l'exotique Pantera, la populaire Capri (avant que le nom soit utilisé pour une version Mercury de la Mustang) et surtout la Merkur, un des plus cuisants échecs de Mercury. Les consommateurs américains ont eu droit à un petit roadster sportif basé sur une plateforme à traction avant de Mazda, aussi appelé Capri et importé d'Australie. Plus tard, il y a eu la Mystique issue de la Ford Contour.

Durant l'âge d'or de la fourgonnette, Mercury a eu son propre modèle, la Villager, qui partageait plusieurs de ses éléments avec la Nissan Quest.

Pendant ce temps, deux modèles de Mercury ont connu un grand succès, la nouvelle Sable, jumelle de la Taurus à traction avant et, surtout, la Grand Marquis, un nom qui est apparu au milieu des années 70 et qui a duré jusqu'à la dernière unité produite. En fait, les Grand Marquis ont eu un des grands succès des années 90, mais la clientèle typique de la marque se faisant vieillissante, elle allait suivre le sort des Plymouth et Oldsmobile de l'époque.

Années de gloire au Canada

Mercury a aussi connu ses années de gloire au Canada. Dès 1946, Ford du Canada a entamé la commercialisation de sa propre version des Mercury, la Monarch. Le nom est disparu en 1961 pour revenir plus tard sur une voiture compacte, mais seulement pour deux ans.

Photo fournie par Ford

À les fin des années 50, les Mercury sont devenues d'imposantes autos, comme ce modèle de 1958.

Photo Éric Descarries, collaboration spéciale

La Mercury Cougar a connu ses heures de gloire en course automobile.

Au Canada, les plus grandes Mercury ont repris le nom de Meteor (auparavant attitré à certaines Ford plus luxueuses) en 1964 pour disparaître en 1981. Les consommateurs canadiens ont aussi eu droit à des camionnettes et camions lourds Mercury de tout format mais identiques aux produits Ford. À partir de 2000, il n'y a plus eu de voitures Mercury vendues au Canada, sauf pour les Grand Marquis offertes jusqu'en 2008.

Voyant que Mercury ne représentait plus que 1% du marché automobile nord-américain, les dirigeants de Ford ont décidé, le 2 juin 2010, d'éliminer ce nom en fin d'année. La dernière Mercury a été produite en terre canadienne, là où elle n'était plus commercialisée...

Photo fournie par Ford

Le populaire modèle Sable a été ravivé en 2008, mais seulement aux États-Unis.