Après avoir passé plus de trois ans dans les couloirs de GM, de Nissan et de Tesla Motors pour son documentaire Revenge of the Electric Car, l'Américain Chris Paine croit dur comme fer que l'heure de gloire de la voiture électrique est arrivée.

Les voitures électriques, Chris Paine connaît. Il en a quatre dans son garage! Il possède un roadster de Tesla, une Chevrolet Volt, une Nissan Leaf et une Toyota RAV4 EV. Mise à part la RAV4 qu'il cherche à vendre, les autres modèles sont au coeur même de son plus récent documentaire intitulé Revenge of the Electric Car.

Cinq ans après avoir chroniqué la mise à la casse de l'EV1 - le modèle tout électrique de GM - dans son documentaire Who Killed the Electric Car?, Paine pense maintenant que les voitures électriques pourraient pulluler sur les routes nord-américaines au cours des années à venir.

«Nous en sommes là! C'est la première année où l'on peut acheter des voitures entièrement électriques. C'est la raison pour laquelle nous sortons le film maintenant, explique-t-il par téléphone. Tous les constructeurs automobiles ou presque, de Mercedes à Audi en passant par Toyota, planchent sur des projets de voitures électriques. Pas juste des voitures concepts, mais des programmes de production sérieux. Alors, oui, je pense vraiment que nous sommes au début d'une nouvelle ère pour l'automobile.»

Engagé

Engagé, le documentaire de Chris Paine suit pas à pas les hauts et les bas de quatre personnages qui tentent de développer contre vents et marées des voitures électriques.

Il y a Elon Musk, le fondateur de Tesla Motors; Carlos Ghosn, le PDG de Renault-Nissan et ardent promoteur de la Leaf; Bob Lutz, ex-numéro 2 de GM qui pilotait le programme de la Volt jusqu'à son départ à la retraite; et Greg Abbott, qui convertit des voitures conventionnelles en voitures électriques.

Retards, complications, difficultés financières, doutes, le quotidien de ces quatre personnages n'est pas sans péripéties. Alors que le documentaire Who Killed the Electric Car? témoignait de la frilosité de l'industrie automobile à l'égard de la voiture électrique, Revenge of the Electric Car se concentre sur la détermination de ces quatre hommes.

«Si notre premier film racontait les errances du capitalisme, le second montre comment des entrepreneurs peuvent réussir. Mais nous ne savions pas cela en commençant le film. Cela aurait pu devenir: Comment la voiture électrique a été tuée, version 2.0. Nous savions quand même que nous tombions à un bon moment, parce qu'on entendait toutes sortes de rumeurs positives disant que les constructeurs automobiles étaient vraiment décidés cette fois», précise le réalisateur.

Méfiance

Après avoir cloué GM au pilori dans Who Killed the Electric Car? , Chris Paine vante cette fois la détermination de sa filiale Chevrolet et de Bob Lutz. Le plus étonnant? L'accès que le fabricant de Detroit a donné à Chris Paine. Ce dernier a notamment été invité à filmer jusque dans les sous-sols hyper secrets de GM.

«On n'a pas commencé avec toutes les portes ouvertes. GM se méfiait de nous et on se méfiait d'eux. Avec le temps, on a fini par se faire mutuellement confiance. (...) L'entreprise voulait montrer au monde qu'elle souhaitait réellement construire une voiture électrique à nouveau», soutient le cinéaste.

Réceptif au projet de Chris Paine, le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a également ouvert ses portes à l'équipe américaine, lui permettant notamment d'assister à des réunions de haut niveau au sein des bureaux du constructeur au Japon.

Après avoir passé près d'une décennie à couvrir la mort puis la résurrection de la voiture électrique, Chris Paine refuse toutefois de faire des prédictions fermes sur l'évolution du marché de la voiture électrique.

«Je n'ai pas de boule de cristal. Mais je sais que Carlos Ghosn, qui est quelqu'un de bien plus intelligent que moi, a investi 6 milliards dans la voiture électrique et que Wall Street a parié et investi dans la société Tesla d'Elon Musk.Pour l'instant, ce sont des pionniers qui adoptent les voitures électriques, mais ce marché devrait s'élargir d'ici 5 à 10 ans. Un peu comme la Toyota Prius a pris un certain temps avant de devenir populaire», conclut le cinéaste.

Présenté dans différents festivals depuis avril, Revenge of the Electric Car devrait faire l'objet d'une diffusion en salle à compter de l'automne. L'acteur Tim Robbins en assure la narration.

Photo fournie par Westmidwest Productions

Revenge of the Electric Car